8 oct. 2025

Et si tout commençait par le plancton ? Éduquer à l’écologie océanique avec Vincent Doumeizel [Inspiration] - 228

Et si tout commençait par le plancton ? Éduquer à l’écologie intégrale dès l’école ?

Vincent Doumeizel

Alors que le dérèglement climatique bouleverse nos repères, Vincent Doumeizel, conseiller à l’ONU et auteur du Manifeste pour les algues, nous invite à plonger au cœur du vivant… là où tout commence : dans l’océan, avec le plancton.

Dans le nouvel épisode du podcast « Et si tout commençait par le plancton ? Éduquer à l’écologie », il nous alerte sur l’importance cruciale du plancton pour le climat et l’avenir de nos jeunes générations.

« Sans plancton, pas d’oxygène, pas de climat stable, pas de vie sur Terre. » — Vincent Doumeizel

Pourquoi former les élèves à l’océan ?

Parce que comprendre l’océan, c’est comprendre la vie. Le plancton produit plus de 50 % de l’oxygène que nous respirons, absorbe une part essentielle du CO₂ atmosphérique et constitue la base de toute la chaîne alimentaire marine.

Pourtant, il reste largement invisible dans nos programmes scolaires. Former les jeunes à l’océan, c’est :

  • Leur faire découvrir l’interdépendance entre la Terre et la mer ;
  • Stimuler la curiosité scientifique et la créativité ;
  • Nourrir une conscience écologique intégrale, ancrée dans le vivant ;
  • Créer des ponts entre sciences, arts et citoyenneté.
  • Comment agir concrètement dans les établissements ?

Pour les chefs d’établissement et enseignants engagés, voici quelques pistes d’action inspirées des initiatives déjà en marche :

  • Organiser une “semaine de l’océan” avec ateliers sur le plancton, projections documentaires, débats et expositions d’élèves.
  • Créer un “laboratoire bleu” en lien avec des structures comme Ifremer – Objectif Plancton pour observer la vie marine de façon participative.
  • Collaborer avec des associations ou fondations comme Tara Océan, qui proposent des kits pédagogiques et des ressources scientifiques accessibles.
  • Intégrer l’océan dans les disciplines existantes : poésie sur la mer en français, modélisation de l’effet plancton en sciences, enjeux du commerce maritime en géographie…
  • Inviter des scientifiques et auteurs tels que Vincent Doumeizel à intervenir lors de conférences ou podcasts scolaires.

Ressources pour aller plus loin

À ne pas manquer : le TEDx de Vincent Doumeizel à Tours – La Révolution des algues

Cet épisode est une invitation à repenser l’éducation à l’environnement, à reconnecter les jeunes à l’océan - ce berceau du vivant dont dépend notre avenir collectif.

💬 Et vous, comment intégrez-vous l’océan dans vos pratiques éducatives ?

Partagez vos initiatives et vos idées en commentaire - et ensemble, faisons émerger une véritable culture de l’écologie intégrale.

6 oct. 2025

Conjugaison : enseigner les valeurs du présent avec Marco Polo

Le présent de l’indicatif est sans doute le temps le plus utilisé par les élèves… et pourtant, il n’a pas qu’un seul sens ! 

Conjuguer avec Marco Polo

Pour les aider à mieux comprendre ses différentes valeurs, voici une proposition de séance de découverte, construite autour de l’univers de Marco Polo. Une façon originale et vivante d’aborder la conjugaison tout en ouvrant une fenêtre sur l’Histoire et les voyages.

1. Entrer dans la séance par un récit captivant

Commencez par présenter Marco Polo à vos élèves. La lecture d’un court extrait suffit pour les plonger dans l’aventure. Dans ce texte, le présent apparaît dans des contextes variés : « Le Grand Khan vit dans un palais merveilleux » (vérité générale), « Je pars demain pour la Chine » (action actuelle ou proche). Cette première étape leur permet de sentir que le présent n’a pas toujours la même valeur.

2. Observer et comparer

Ensemble, isolez les verbes au présent. Posez simplement la question : « Quand se passe l’action ? » Les élèves constatent vite que certaines phrases racontent ce qui se déroule maintenant, d’autres expriment une habitude, une vérité permanente, ou encore un événement passé raconté comme s’il se vivait sous nos yeux.

3. Manipuler pour comprendre

Proposez un corpus de phrases variées :

  • « Aujourd’hui, nous marchons dans le désert de Gobi. » (action actuelle)
  • « Chaque matin, Marco prend son chapeau. » (habitude)
  • « Le voyageur arrive en Inde en 1292. » (présent de narration)
  • « La lumière se déplace plus vite que le son. » (vérité générale)

Les élèves trient les phrases en fonction de la valeur du présent. Cette activité ludique permet une appropriation active de la notion.

4. Institutionnaliser la règle

À partir des manipulations, construisez avec eux une trace écrite claire et concise :

  • Le présent exprime ce qui se passe maintenant.
  • Il peut aussi dire ce qui se répète souvent.
  • Il exprime parfois une vérité générale.
  • Enfin, il rend un récit passé plus vivant (présent de narration).

5. S’entraîner et varier les supports

Les exercices proposés permettent d’adapter la difficulté selon le niveau des élèves :

  • Identifier la valeur du présent dans une phrase simple.
  • Réécrire un passage au présent de narration.
  • Rédiger un court journal de voyage de Marco Polo en mobilisant les différentes valeurs du présent.

Le numérique peut aussi être un appui, par exemple avec un test rapide sur Plickers pour vérifier la compréhension.

Un kit clé en main pour vos classes

Pour vous faire gagner du temps, je mets à disposition :

Cette séquence autour des valeurs du présent offre aux élèves une approche vivante et concrète de la conjugaison, tout en les plongeant dans l’univers fascinant de Marco Polo.

29 sept. 2025

La résolution de problème : un problème ? Pas chez nous !

Une énigme par semaine pour le plaisir de chercher… et une vraie méthode pour apprendre à résoudre

Apprendre à chercher, c’est déjà trouver.

Dans les classes de cycle 3, la résolution de problème est souvent source d’inquiétude :
  • pour les élèves d’abord, qui y voient une tâche complexe mêlant calculs, formulation, compréhension, parfois même découragement ;
  • pour les enseignants ensuite, qui peinent à trouver des situations stimulantes, accessibles mais formatrices ;
  • pour les familles enfin, qui souhaitent accompagner leur enfant sans toujours savoir comment s’y prendre.
C’est en partant de ce constat que j’ai mis en place deux leviers complémentaires dans ma classe de CM1/CM2 :
  • un rituel hebdomadaire d’énigme, pour le plaisir de chercher en famille ;
  • une technique explicite de résolution de problème, pour structurer les apprentissages en classe.

1. Le rituel d’énigme : chercher pour le plaisir, créer du lien

Chaque semaine, je propose à mes élèves une énigme courte, intrigante, souvent déconcertante. Elle est annoncée en classe, affichée au tableau, recopiée dans le cahier du jour… et elle rentre à la maison dans les cartables.
L’objectif est clair : susciter la curiosité, valoriser la réflexion informelle, et ouvrir un espace de dialogue avec les familles, sans enjeu scolaire ni note.

Voici le mot que j’ai adressé aux familles pour expliquer ce rituel :
Chers parents,
Chaque semaine, votre enfant découvrira en classe un petit défi original à résoudre… mais attention : pas de calcul, ni de longues opérations au programme !
Il s’agira de problèmes de logique, d’énigmes, de devinettes parfois pleines d’humour, qui feront appel à leur bon sens, à leur capacité d’analyse… et parfois à leur imagination.
Ces énigmes ont plusieurs objectifs :
  • stimuler la curiosité et l’envie de chercher,
  • développer le raisonnement et la persévérance,
  • apprendre à formuler des hypothèses,
  • et surtout, prendre plaisir à réfléchir différemment.
N’hésitez pas à en discuter avec votre enfant à la maison. Ces énigmes sont faites pour être partagées ! 
Et si vous avez le goût du défi, lancez-vous avec eux…
Exemple d’énigme : Partage difficile
J’ai 9 enfants et 7 pommes. Comment faire pour les partager de manière égale aux 9 enfants ?
Ce genre d’énigme suscite immédiatement discussions, hypothèses, débats.

Certains élèves proposeront une division, d’autres penseront à couper les pommes, ou encore à les faire tourner… Il n’y a pas de solution immédiate, et c’est justement ce qui crée l’engagement. L’objectif ici n’est pas de "réussir", mais de s’interroger ensemble.

Ce rituel hebdomadaire instaure un climat bienveillant, où l’erreur est permise, où l’on apprend en cherchant, sans pression.

2. Une vraie méthode pour apprendre à résoudre les problèmes
À côté de ce rituel stimulant et détendu, j’enseigne également une procédure explicite pour aborder les problèmes "classiques", souvent plus structurés, présents dans les manuels ou les évaluations.
Car si l’énigme forme l’esprit, c’est dans la classe que s’acquièrent les outils cognitifs et méthodologiques nécessaires pour affronter les tâches plus complexes.

Cette méthode veut donner un cadre stable, rassurant, et formateur.

La procédure de résolution enseignée pas à pas :
👉 Lire attentivement le problème.
👉 Mémoriser et reformuler la question : les élèves viennent la dire à l’enseignant, qui valide leur compréhension.
👉 Identifier dans l’énoncé les informations utiles (nombres, mots-clés, contraintes).
👉 Faire un schéma ou un dessin, pour mieux représenter la situation.
👉 Se demander ce qui manque pour répondre : quelle donnée implicite ou calculée est nécessaire ?
👉 Chercher des indices dans le texte qui orientent vers une opération ou un raisonnement mental.
👉 Proposer une ou plusieurs solutions.
👉 Écrire une phrase-réponse complète, en reprenant les mots de la question.
Cette démarche est répétée régulièrement, jusqu’à devenir un automatisme.

Elle permet aux élèves de sortir de la logique "j’attrape les nombres, je les combine", pour entrer dans une vraie posture de chercheur.

En combinant les deux démarches, j’installe un climat favorable au raisonnement, je donne confiance, et je structure progressivement les apprentissages.

Chercher pour le plaisir, résoudre pour apprendre

En instaurant ces deux pratiques dans ma classe, je redonne à la résolution de problème son double visage :
👉 celui d’un jeu intellectuel à partager,
👉 celui d’une compétence à construire.
Alors non, la résolution de problème n’est pas un problème.
C’est même une solution pédagogique, pour apprendre à penser autrement.

Et si vous testiez dans votre classe ?

Si vous êtes enseignant ou enseignante, n’hésitez pas à tenter l’expérience dans votre propre classe.

Et la solution à l'énigme des pommes ?
On fait une compote ! Une réponse simple, décalée… et parfaitement équitable. Chacun aura une part du tout, sans dispute ni calcul. L’occasion de montrer que certains problèmes se résolvent aussi par le bon sens, la créativité... et parfois un brin d’humour.

Et n'oublions pas…

Mon ouvrage « Devenir chef d’établissement : cinq questions clés » (éd. Chronique Sociale, août 2024) s’adresse aux enseignants et futurs cadres éducatifs dans l’Enseignement Catholique. Il propose des pistes de réflexion autour des valeurs, de l’éthique, du leadership éducatif et des pratiques innovantes dans l’établissement

Si vous souhaitez une version dédicacée, inutile d’acheter le livre en ligne ou en librairie : il suffit de m’écrire par mail, et je vous expliquerai comment faire. Je peux vous l’envoyer personnellement avec un petit mot à votre nom. C’est toujours un plaisir de prolonger l’échange de cette manière.

Références pour cet article :

Brousseau, G. (1986). Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques.
Ce texte fondateur présente les bases et méthodes de la didactique des mathématiques, notamment la théorie des situations didactiques, centrale dans l'étude de la résolution de problème en mathématiques.

Vergnaud, G. (1990). La théorie des champs conceptuels.
La théorie des champs conceptuels, exposée par Vergnaud, éclaire les processus d'apprentissage liés à la mobilisation de concepts lors de la résolution de problèmes, avec de fortes implications en didactique des mathématiques.

Brissiaud, R. (2012). Premiers pas vers les maths.
Cet ouvrage propose aux enseignants des repères pour faciliter les premiers apprentissages numériques à la maternelle et prévenir l’échec en mathématiques, en abordant également les difficultés spécifiques liées à la résolution de problèmes sur le nombre.

Sensevy, G. & Mercier, A. (2007). Agir ensemble : didactique et formation des enseignants.
Le livre offre une analyse de l’action didactique conjointe entre professeur et élèves, positionnant la résolution de problème comme moment clé du travail collectif en classe, dans une perspective de didactique des mathématiques.

Perrenoud, P. (1995). La métacognition, un outil pour apprendre à apprendre.
Bien que centré sur la métacognition en général et sur l’apprentissage autorégulé, ce texte a des liens forts avec la résolution de problème, la métacognition étant reconnue comme essentielle dans la démarche de résolution et l'apprentissage des mathématiques.

Rochex, J.-Y., & Crinon, J. (2011). Les difficultés des élèves : processus ou handicaps ?
Ce livre analyse les processus didactiques et institutionnels produisant des difficultés scolaires. Bien qu’il ne porte pas spécifiquement sur la résolution de problèmes mathématiques, il s’inscrit résolument dans une perspective didactique, en abordant les obstacles liés à l’appropriation des savoirs.

28 sept. 2025

Chefs d’établissement : Déjà octobre 2025

Lettre d’information - Octobre 2025

Pour les chefs d’établissement de l’enseignement catholique

1. Actus du mois

Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) : 

les trois séances annuelles obligatoires par niveau doivent être planifiées dès ce trimestre. Le ministère a annoncé un suivi renforcé de leur mise en œuvre. Dans l’enseignement catholique, l’EARS (éducation affective, relationnelle et spirituelle) reste possible, à condition de respecter le cadre national.

Sécurité et prévention : 

après l’affaire Bétharram, l’attention de l’opinion et des autorités se renforce sur la sécurité des élèves et la prévention des abus. Attendez-vous à des contrôles plus fréquents dans les internats et à des demandes accrues de transparence.

2. Ressources utiles

Sur le blog retrouvez un article intéressant sur le MOOC E-théo, conçu spécialement pour les catholiques. Ce MOOC offre des formations courtes et de qualité en ligne sur des sujets tels que la dignité de la personne, la préférence pour le pauvre, le droit canon, la philosophie, les écritures saintes, la liturgie et la théologie. Plus d’informations ici :

Ainsi que le dernier épisode de Leaders dans l'Enseignement catholique intitulé 8h30. Des parents débarquent. Et maintenant ? et les précieux conseils de Giles Poiriez !

3. Conseil pratique de gestion

Octobre est le bon moment pour organiser un rapide audit interne :

  • dispositifs de signalement et de prévention en cas de harcèlement ou d’abus,
  • protocoles de sécurité mis à jour,
  • personnels formés aux conduites à tenir.

Une heure de vérification maintenant, c’est une demi-journée d’explications évitée plus tard.

4. Côté inspiration

Les deux prochains épisodes de Leaders dans l'Enseignement catholique :

  • Et si tout commençait par le plancton ? avec Vincent Doumeizel
  • Des chiens à l'école avec Philippe Haas

Octobre, 

c’est l’heure d’anticiper : EARS, sécurité, climat scolaire. Les sujets sont sérieux, mais c’est aussi l’occasion de renforcer la cohésion de vos équipes. Et gardez à l’esprit qu’un chef qui délègue un peu gagne un sourire… et parfois une soirée libre !

25 sept. 2025

8h30. Des parents débarquent. Et maintenant ? [expérience] 227

Il est 8h30. Vous avez à peine commencé votre journée que deux parents entrent dans votre bureau. Sans rendez-vous. Très remontés. Ils veulent une réponse immédiate.

Ça vous rappelle quelque chose ?

Dans le métier de chef d’établissement, ces situations de tension font partie du quotidien. Mais comment garder son calme quand la pression monte ? Comment préparer un rendez-vous compliqué, anticiper ses propres émotions, trouver la juste posture… sans se laisser déborder ?

C’est exactement le sujet du nouvel épisode de mon podcast « Leaders dans l’Enseignement catholique ».

Pour en parler, j’ai eu le plaisir d’accueillir Gilles Poiriez, chef d’établissement à l’Institution Sainte Clotilde à Strasbourg, mais aussi préparateur mental. Il accompagne enseignants, cadres et élèves dans ces moments à forte charge émotionnelle, où le stress peut soit nous piéger… soit devenir un allié.

Au programme de l’épisode :

• Que se passe-t-il dans notre corps et notre cerveau lors d’un moment de tension ?

• Stress aigu, stress chronique : comment les distinguer et les apprivoiser ?

• Comment se préparer à un rendez-vous compliqué pour ne pas réagir à chaud ?

• Quelles techniques simples permettent de reprendre la main sur le climat d’un échange tendu ?

• Et surtout… comment « atterrir » après un entretien difficile, sans ruminer pendant des jours ?

Avec Gilles, nous avons aussi parlé d’outils très concrets : respiration, routines, imagerie mentale, discours interne… autant de leviers pour entraîner son mental comme un muscle et retrouver de la lucidité quand tout s’accélère.

🎧 L’épisode est disponible dès maintenant sur Spotify, Apple Podcasts et toutes les plateformes.

Et vous, quelles sont vos stratégies pour garder la tête froide dans un moment de tension ?