3 juin 2018

Cinq conseils pour enseigner en sécurité

Ou comment avoir une posture irréprochable

Quel choc de voir le nombre de personnes accusées à tort ! Qu’en est-il vraiment ? Quels conseils donnés ? Voici le fruit de ma réflexion…

Les risques du métier, André Cayatte, 
1967 avec Jacques Brel

Un risque du métier : l’accusation à tort ?

Au cours d’une soirée sérendipienne, j’ai été choqué par cette information
“Pendant deux ans d'examens minutieux, les casiers judiciaires d'un million d'enseignants, personnels et agents contractuels de l'Éducation nationale ont été passés au crible. Parmi eux, 26 présentent des condamnations pour infractions sur mineurs, pour atteintes sexuelles, violences et détention d'images à caractère pédopornographique. Des actes commis en dehors de l'école.”[1] 
Ayé une chasse aux sorcières était ouverte ! Mais combien de personnes se sont retrouvées accusées à tort. Souvenirs de l’affaire Dutrou. Stress. Angoisse. Et si moi aussi, je me retrouvais accusé à tort. Ma posture professionnelle est-elle irréprochable ?


Voici quelques conseils :

1- Aucun contact physique avec les enfants.

Il est possible d’être empathique sans pour autant caresser, bisouter… Le message doit être clair et ferme face à un enfant qui se jette sur vous pour avoir un calin. Se saluer en se serrant la main ou pourquoi pas se “checker”.
Il est plus délicat de gérer une situation d’un enfant en larmes (vrai chagrin). On peut se poser sur deux chaises et prendre les mains de l’enfant dans le vide (sans les poser sur ses genoux ou sur les siens) pour lui parler. Cela est bien souvent suffisant.
De même pas besoin de s’énerver sur un enfant pour le faire réagir. Il est vrai que certains enfants ont le don pour nous mettre en boule. Mais prendre sa respiration, parler doucement, marquer d’une croix le mauvais comportement, rester calme, dire son ressenti par rapport à la situation… sont des pistes pour éviter de prendre l’enfant par le bras avant de le jeter par la fenêtre...



2- Mettre de la distance physiquement

Quand on a à se fâcher, ou inversement à féliciter un élève, mieux vaut se placer derrière une chaise ou une table. La table ou la chaise sera le marqueur de cette distance que vous vous imposez. Elle indiquera inconsciemment à l’enfant qu’il est en sécurité. En plus, on peut la taper - la table !
Cette pratique doit être connue de vos collègues qui pourront à l’occasion en témoigner.

3- Jamais seul avec un enfant.

Il est impératif d’être toujours visible d’un autre adulte. Quand on travaille avec un petit groupe, pire avec un seul enfant, ouvrez les portes. Il suffit de dire à l’enfant qu’il n’y a rien à cacher et qu’il est libre de partir (dans la mesure où il a la possibilité de rejoindre un groupe)
Si le groupe-classe est compliqué à gérer, il ne faut pas hésiter à travailler la porte ouverte. Bon si le couloir est glacial, c’est plus compliqué !

4- Tout noter.

Vous rencontrez une famille, vous prenez des notes.
Vous faites le point avec des enfants, vous prenez des notes et vous le signalez aux parents.
Vous notez, à chaque fois, la date et l’heure, le contexte, le contenu. On peut aller jusqu’à envoyer un courriel récapitulatif de l’entretien. Cela permet de garder une trace commune avec les parents.
Cela peut paraître laborieux, mais ce sera très certainement salvateur durant un interrogatoire...

5- Tout conserver (30 ans !)

Vous pouvez être interrogé ou interpellé pour une accusation d’un fait commis il y a trente ans. Vous, je ne sais pas mais moi si je dois dire ce que j’ai fait il y a un mois, c’est très difficile alors trente ans...
Pour cela, Google Agenda est votre ami. Je note personnellement tout ce que je fais dans le cadre de ma profession. Le cahier-journal est aussi un élément vital pour un enseignant. Il faut penser à noter les petits événements de la vie de classe (accidents, recadrage, questions troublantes d’un élève…)
Le trieur aussi. En tant que chef d’établissement, quand je rencontre des élèves, je prends des notes : qui, quand, quoi, décision. Et je classe dans un trieur pour pouvoir retracer le suivi réalisé pour tel ou tel élève.

Conclusion

Ce billet n’est sans doute pas le plus fun. Mais il faut être réaliste et avoir conscience que cela peut arriver… et pas qu’aux autres ! 
Sa posture doit être signifiante pour les élèves mais aussi pour tous les adultes (collègues, parents)
On ne peut pas empêcher d’être accusé à tort. Mais on peut faciliter le travail des policiers pour prouver son innocence.
Ayez une assurance juridique ! C’est indispensable. Demandez conseil auprès des syndicats et autres organisations professionnelles.
Restez cool mais très pro !

Remerciements : Emilie, Gildas et Delphine

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