6 déc. 2020

Deux enfants s'échappent et la directrice est mise à pied.

Deux enfants échappent à la vigilance de la directrice sur la pause méridienne.

Ca s’est passé en novembre 2020, mais cela aurait pu se passer avant et cela se passera après.

Je ne vais pas analyser ce qui s’est passé, ni juger les sanctions qu’elle a eu. Je n’ai pas les éléments nécessaires pour cela. Mais dans cette situation, la sanction est tombée très rapidement - ce qui est surprenant dans l’Education Nationale. Et cela mérite qu’on se pose un peu. 

Les élèves s’échappent. Les parents se plaignent. L’administration sanctionne. Peut-être pour que la justice n’entre pas en jeu. Peut-être pas. 

Des enfants qui se blessent, qui s’échappent, qui en blessent d’autres. Des parents qui portent plainte. Ça peut arriver à tout le monde et n’importe quand.

J’ai d’ailleurs rédigé un article : Cinq conseils pour enseigner en sécurité.

Personne n’est préparé à vivre cela.


Malheureusement quand cela arrive - que tu te retrouves devant un conseil de discipline ou pire devant des officiers de police - tu vis la pire journée de ta vie.


Et tu vas traverser cinq phases très violentes. Philippe Croizon le raconte très bien. Philippe Croizon, tu sais, c’est cet homme qui a perdu ses bras et ses jambes lors d’un accident. Il a, par la suite, relevé différents défis comme la traversée de la Manche à la nage, le Paris-Dakar…


Voici les cinq phases :

Tout d’abord c’est le déni. “Nan, mais c’est pas possible. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ça m’arrive à moi ? Pourquoi ce gamin a fait ça ? C’est pas de ma faute...” Attention ! C’est sans doute une réalité. Quand on est accusé à tort, on est en droit de penser que ce n’est pas de notre faute. Mais le déni est juste là pour la phase suivante. C’est la négociation. C’est le moment où dans ton cerveau, tu vas jongler entre “tout est foutu” et “y a moyen de…” Puis vient la dépression qui peut plus ou moins durer. Et enfin la colère arrive. Ce moment où tu as juste envie de dézinguer tout le monde ou de crier à l’injustice à tout va.

Après toutes ces étapes qui ne se déroulent pas pour tout le monde dans cet ordre et qui n’ont pas la même durée pour tout le monde non plus, il y a le redémarrage - la résilience. Ce moment où tu apprends beaucoup sur toi et sur les autres. “Ce qui ne tue pas rend plus fort.”


Pour passer toutes ses phases, il faut bien s’entourer : la famille, les amis proches, un avocat… mais pas trop. Il faut se faire une bulle protectrice. Ne garde que les personnes positives. Les toxiques dehors !


Si tu es mis à pied, ou en attente d’une décision de justice, il faut très rapidement te renforcer. 


Construis-toi un nouveau planning avec du sport, de la lecture. Range ta maison. Occupe-toi de ta famille. Alimente-toi correctement. Dors. Prépare-toi comme un athlète qui se prépare pour les Jeux Olympiques. Ne t’occupe pas du bruit de dehors.


Alors oui, heureusement qu’on n’a pas en tête l’ensemble des dangers qui nous entourent, nous les chefs d’établissement et les directeurs-trices. Sinon il n’y aurait plus de dirlos et directes dans les écoles, les collèges ou les lycées.


Le plus regrettable, c’est le manque d’échange et de communication qu’il peut y avoir entre certains parents et le personnel éducatif. Il y a des gens qui ne cherchent même pas à savoir ce qui s’est réellement passé, ils vont directement porter plainte. J’ai même entendu dire : “On l’aime bien la directrice. Mais on savait pas quoi faire. Alors on est allé à la gendarmerie… “ Comme si la gendarmerie était un centre d’information !


Oui, nous avons le droit à l’erreur - même si les conséquences peuvent être terribles. Ce droit à l’erreur, nous le méritons, car nos conditions de travail sont difficiles : manque de personnels, de moyens…

Bien sûr qu’il faut assumer ses erreurs - encore faut-il qu’elles soient avérées et répétées


Alors je ne sais pas au moment où j’écris ces lignes ce qui est arrivé réellement à cette collègue. Qu’elle ait commis des erreurs ou non est une chose. Elle a mon soutien par principe. Parce que le métier de dirlo est solitaire et que nous avons besoin de soutien quand tout va mal.


Retrouve tous les épisodes classés par thèmes sur le site.


2 commentaires:

  1. Il est curieux qu'elle soit sanctionné pour un évènement qui s'est sur un temps hors de sa compétence et de sa responsabilité puisque l'organisation de la pause méridienne est du ressort de la collectivité. Soutien également et scandalisé

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  2. Moi aussi je l'ai terroge, en tant que directrice je ne suis pas responsable des élèves sur la pause méridienne alors pourquoi cett émise à pieds ???? J'ai du mal à comprendre.... Peut être n'ai je pas tous les éléments de cette triste affaire pour juger mais je m'interroge....

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