Ou comment travailler avec plaisir
On pourra toujours défaire et
refaire les programmes de l'Education Nationale, se diviser entre pédagogie
active, explicite ou bien inversée, il n'en reste pas moins qu'un apprenant
n'apprendra que s'il est motivé. Et un enseignant enthousiaste sera toujours
plus efficace qu’un enseignant pessimiste. Les critiques sont faciles mais
repérer ce qui fonctionne, ce qui va bien n’a pas l’air d’être une évidence
dans notre pays.
(Bien évidemment on n’oubliera
pas qu'un élève ne pourra pas être motivé si ses besoins fondamentaux ne sont
pas comblés. Mais ça, vous le saviez déjà, n'est-ce pas ?)
Pyramide de Maslow |
Nous ne pouvons pas compter
uniquement sur une motivation extrinsèque. Certes l'évaluation, quelle qu'elle
soit, motivera une partie des élèves, mais elle pourra à l'inverse en démotiver
l'autre partie. Alors qu'un élève qui travaille par et avec plaisir sera gagnant à chaque fois. On a souvent
tendance à penser que l’élève est une souris dans un labyrinthe ! C’est
sans compter sur leur motivation intrinsèque…
Le retour aux notes n’est pas
pour moi à enterrer comme je l’expliquais ici.
Dan Ariely: Qu'est-ce qui nous apporte de la
satisfaction dans notre travail ?
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez
pas à
travailler un seul jour de votre vie. » Confucius
Les conditions nécessaires pour développer la motivation intrinsèque
Quand on enseigne, il est
nécessaire de réfléchir au temps et à l’espace qui comme la plupart des
contraintes peuvent devenir des atouts. Nos élèves sont-ils tous prêts à
travailler à 9h00 ? Le mobilier est-il adapté ? Le bureau de l’enseignant
est-il à la bonne place ? Il n’y peut y avoir de réponses toutes faites.
Personnellement, je pars sur une organisation frontale en début d’année et puis
en fonction du groupe classe j’organise les lieux différemment.
Quelle est la part d’autonomie
laisse-t-on à nos apprenants ? On est motivé quand on donne un sens au
travail que l’on effectue et quand on a la possibilité d'influer sur son
déroulement. Nous sommes un guide qui ouvre des possibles à nos élèves. Nous nous
devons de prendre le temps de faire le point avec nos élèves et de voir avec
eux les leviers de changement. Il ne s’agit pas de donner des solutions toutes
faites mais de permettre aux élèves de trouver les leurs. Ils doivent
travailler avec plaisir et ce n’est pas en opposition avec « faire des
efforts ». Je me rappelle cette enseignante qui répondait à un parent qui lançait
chaque matin à son enfant « amuse-toi bien ! » que dans sa
classe on travaillait ! #rabatjoie
L’apprenant trouve naturellement
dans ses efforts un épanouissement personnel, un sentiment d’utilité, une
reconnaissance ou une identité positive.… Nous avons encore dans nos classes de
nombreux élèves qui travaillent pour faire plaisir à leur enseignant. Mais ces
mêmes élèves irradient de bonheur quand le texte qu’ils ont écrit et publié sur
le blog de la classe ou bien que le jeu qu’ils ont inventé et utilisé dans la
maison de retraite d’à côté. Il peut aussi vouloir rechercher un sentiment
d’appartenance à un groupe. Attention je ne parle pas de communautarisme !
Non j’entends ici que faire partie de la classe des CM1 bleu est un honneur car
on y travaille ensemble pour y réussir ensemble ! Il en va de même quand
je réunis tous les élèves d’un cycle pour leur présenter un personnage
inspirant. C’est l’effet #YesWeCan que l’on ressent dans un groupe.
Pour motiver ne pas oublier de
remercier avec conviction et simplicité :
« Tu as bien écrit c'est très agréable de te lire... merci. » Pour
être convainquant, il est nécessaire de s’appuyer sur des faits précis. « J’ai
bien aimé quand tu as utilisé le vocabulaire que nous avons travaillé. »
Comme il est difficile de
maintenir la motivation quand un recadrage s’impose ! Et pourtant… Et là
encore soigner le temps et l’espace est important. Ce n’est pas forcément bon
de réagir à chaud mais trop longtemps après. Evitons de le faire devant témoin
ce qui peut être humiliant. Les critiques doivent être claires objectives et
concises. Assurons-nous de la bonne compréhension des faits et énonçons les
conséquences pour la classe. Indiquer les risques encourus s'il n'y a pas de
changement est à faire donc dans un délai précis. Enfin proposons des voies
d'améliorations en permettant à l'élève de trouver lui-même la solution. Un
recadrage positif se termine toujours par l'assurance d'un soutien. Travaillons
les manières de corriger cette erreur.
Enfin je terminerai par l’enthousiasme
qu’un enseignant doit faire preuve. Arrêtons de pleurer le passé et allons de l’avant
pour vivre le présent tel qu’il est. N’attendons pas des autres et de l’Education
Nationale en particulier pour imaginer les solutions pédagogiques répondant aux
problèmes de nos élèves. Oublions les mauvais souvenirs (remarques de parents,
du directeur,…), car nous grandissons (nous aussi – si si) de nos échecs. Multiplions
les petits succès et ayons des rêves ambitieux et réalisables pour nous, nos
équipes et nos élèves. Si on est petits et moches, on est... petits et moches !
Rien ne sert de se focaliser la dessus ! Cela ne nous empêche pas d'être
drôle, intelligent, énergique,...
GUILLAUME BATS - MONTREUX 2013
La formation des enseignants
devrait contenir des modules sur le développement de l'intelligence
émotionnelle et relationnelle des enseignants pour qu’ils puissent le
développer chez leurs élèves. Pourquoi ne pas commencer la journée de classe
par 15 min pour dire tout ce qui va bien dans la classe ? Pourquoi ne pas
commencer une concertation par un forum de bonnes nouvelles - prendre 15 min
pour partager du bonheur ? Et ce n’est pas chose facile, car nous sommes
emprunts de morosité et de pessimisme.
Améliorer son intelligence
émotionnelle,
pourquoi pas à l'école ? par Moïra Mikolajczak
Un enseignant comme un directeur
doit être "un émetteur de bonnes nouvelles" pour ses élèves et ses
collègues. Pour cela, ne nous souhaitons plus « bon courage » au lieu
de dire « bonne journée ». L’adjectif "petit" doit
disparaître de notre vocabulaire d’enseignant « Nous allons faire un petit
jeu, puis un petit exercice, copier une petite leçon,… » D’abord les
enfants ne sont pas dupes. Ils savent qu’un petit jeu dans la bouche de la
maitresse c’est la plupart du temps un truc pour faire avaler une pilule… Et
quelle fierté n’a-t-on pas à faire de grande chose, non ? Emerveillons
nous de notre environnement, laissons nous surprendre au coin d’une rue par le
ciel qui n’a pas la même coloration que la veille, changeons notre parcours
pour arriver à l’école,…
Philippe Bloch - Ne me dites plus
jamais bon courage
Crédits photo :
La pyramide de Maslow, http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8
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